EVENEMENT LITTERAIRE LE 15 MAI 2010 A PARTIR DE 17H30: RENCONTRE DE ABDELHAK SERHANE A LA LIBRAIRIE LES INSOLITES

Publié le par librairielesinsolites.tanger

Bonjour,


A l'occasion de la sortie de son dernier roman "L'Homme qui descend des Montagnes" aux Editions SEUIL, le grand auteur marocain Abdelhak Serhane nous fera l'honneur de venir parler de son oeuvre et de son travail :

 

le samedi 15 mai 2010 à partir de 17H30 à la librairie les insolites.


Venez nombreuses & nombreux pour découvrir un des écrivains les plus importants de sa génération!!!!!


BIOGRAPHIE

 


ABDELHAK-SERHANE-6631.jpgNé au Maroc, Abdelhak Serhane est titulaire d’un DEA, d’un Doctorat de 3eme cycle et d’un Doctorat d’Etat en psychologie de l’Université de Toulouse et d’un Doctorat d’Etat en littérature française, Université Ben M’sik, Casablanca. Romancier, il a publié six romans aux éditions du Seuil: Messaouda, 1983, (Prix littéraire des Radios libres, 1984), Les Enfants des rues étroites, 1986, Le Soleil des obscurs, 1992 (Prix français du Monde arabe, 1995), Le Deuil des chiens, 1998 (Prix d’Afrique méditerranéenne-Maghreb, 1999),  Les Temps noirs, roman, 2002, L’Homme qui descend des montagnes, 2009. Chez d’autres éditeurs, il a publié des recueils de poésie : L’Ivre poème, Chant d’ortie, Les Dunes paradoxales, Le Silence est déjà trop tard. Un conte pour enfants: Pommes de grossesse. Un essai politique: Le Massacre de la tribu et  une étude psychologique: L’Amour circoncis. Un recueil de nouvelles: Les Prolétaires de la haine. Un livre objet: La nuit du secret. Un beau livre: Maroc ; médina, médinas. Une pièce de théâtre: La Chienne de Tazmamart. Un récit: Kabazal, les emmurés de Tazmamart.

 

Il a publié des dizaines d’articles dans diverses revues nationales et internationales. Sa lettre adressée au roi du Maroc en 1999 dans Jeune Afrique « Ce que j’attends de Mohamed VI » a fait le tour du monde. Son passage au cabinet du ministre de l’enseignement supérieur en 1999 achève de le désillusionner sur l’avenir de l’enseignement au Maroc, sur la bonne foi des politiques et sur l’espoir longtemps nourri pour son pays. L’alternance gouvernementale des socialistes le désenchante. Les orientations politiques de la nouvelle classe dirigeante le tourmente, le silence des «intellectuels» l’émeut et la débâcle de la Gauche politique finit de l’achever. Il quitte le Maroc et s’installe aux USA où est écrivain en résidence, professeur et directeur de la revue Etudes Francophones à l’Université de Louisiane à Lafayette, département de Langues modernes.

 

CouvLivre.jpg EXTRAIT « L’Homme qui descend des Montagnes » Ed. SEUIL

 

 

A la mémoire de ma mère et mon père

Ils se sont mariés sans se connaître

Ont vécu heureux au début

Se sont détestés après

Puis se sont quittés

Alors si Dieu existe

Je lui pardonne les tantes, les oncles, les cousins et les cousines dont il m'a gratifié.

 

[CHAP. 12

 

Pas loin de chez nous s’étaient installées, dans une maison basse, une dizaine de femmes bizarres qui s’habillaient et marchaient d’une étrange façon. Elles portaient de drôles de robes bleues qui leur arrivaient jusqu’aux chevilles, la taille enserrée dans un gros chapelet de bois. Sur leur poitrine pendait la croix de leur prophète, crucifié par les siens avec des clous noirs sur une énorme croix en bois. Leur tête était couverte d’une coiffe à coins et le visage ceint d’une étoffe blanche immaculée. Elles marchaient droit devant elles, à petits pas mesurés, les yeux baissés et les mains toujours sur l’abdomen, dissimulées dans les larges ouvertures latérales de leur habit. Leurs petits pieds laiteux nageaient dans des sandales en cuir écru. Elles parlaient la langue de notre institutrice et des maîtres blancs qui portaient des shorts, des fusils en bandoulière et des casques coloniaux sur le crâne. Depuis que ma mère avait rencontré quelques-unes d’entre elles au hammam, elle ne parlait plus que de ces sœurs. Et massoura, la grosse qui a un gros nez m’a dit… Et j’ai répondu à massoura, celle qui porte un grain de beauté sur la joue gauche… Et massoura, la courte sur pattes, ronde aux yeux noisette, m’a donné un peu de son shaboing aux œufs… Et massoura, la petite maigrichonne qui boite de la jambe droite, m’a souri et a dit devant les autres femmes que j’étais la plus belle. Elle me faisait rire, ma mère. Dans quelle langue communiquait-elle avec les bonnes sœurs ? « Tu penses que je suis une bourrique parce que je ne suis pas allée à l’école de fransa ! Détrompe-toi ! Massoura comprend tout ce que je lui dis et je comprends tout ce qu’elle me dit. Parfois, on n’a même pas besoin de mots pour nous parler. Ça se voit que tu n’es pas une femme pour saisir ce genre de subtilités ! » Elle avait raison. Si le destin l’avait fait naître dans une société plus clémente avec les femmes, ma mère aurait été experte en sciences de l’éducation.]

 


 


 

 

 

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